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Retour sur l’UEA 2018, avec le père Vincent Leclercq

Une humanité humiliée dans son intériorité

L’homme serait aujourd’hui amputé dans son humanité. Nos modes de pensée et nos manières de vivre ne respectent plus ce qu’il est au plus profond de lui-même. L’intérêt actuel pour l’intériorité – et l’écologie – n’est pas un phénomène de mode mais au contraire une prise de conscience salutaire et l’opportunité d’une transformation durable qui réponde aux mutations en cours.

Du 8 au 10 juin : la rencontre de publics très différents.

A l’image des assomptionnistes, l’UEA aime mélanger les genres. Elle a débuté par un séminaire éditorial avec les journalistes de Bayard dans leurs locaux de Montrouge. De nombreux ateliers ont enrichi la journée montrant comment l’intériorité s’intégrait à leurs pratiques professionnelles. Le deuxième jour s’est tenu au « Forum 104 », au cœur du quartier de Montparnasse où des groupes divers ont l’habitude de se rencontrer. Certains exercices intérieurs y étaient repris spécialement pour l’UEA. Chacun a pu s’initier à ce qui l’attirait ou l’étonnait le plus. Les travaux se sont achevés dans la chapelle Notre Dame des Anges avec la lecture des Aveux de Saint Augustin magistralement traduits, lus et commentés par Frédéric BOYER.
L’UEA 2018 a joué ses trois cordes habituelles. L’hospitalité car durant ces 3 jours, des personnes très différentes ont su partager l’essentiel de leur vie avec une facilité déconcertante. Le service car nos contemporains n’attendent plus des réactions superficielles. Ils souhaitent chercher avec nous des réponses à leurs questions. Leur attente marque notre responsabilité face au malaise contemporain. La méditation lorsqu’il s’agissait d’expérimenter des leviers de réflexion ou d’action. Nous comprenions alors qu’il n’était plus possible de parler d’intériorité sans évoquer sa dimension spirituelle.

Trois mots ont tissé le fil de ces UEA

Ecoute. L’intériorité demande une attention à ce qui se passe en soi. Elle exige une certaine sobriété au risque de la voir remplacée par autre chose. Selon Jean-Guilhem XERRI, le consumérisme, l’addiction aux écrans, le « bougeisme » … sont des « perturbateurs de l’intériorité » mais aussi les symptômes d’une intériorité insatisfaite.
Attention au monde. La véritable intériorité est à l’écoute du monde. Cette attention se joue dans les relations interpersonnelles et au cœur du lien social. Aujourd’hui, notre savoir est grand ainsi que notre « savoir-faire » mais il nous faut réapprendre à être et surtout à être avec.
Attention au monde de l’autre. Pour les journalistes, il s’agit de rejoindre enfants ou grand-parents, de traduire en mots le vécu collectif d’une société ou de rendre visible celui qui est loin. L’écrivain Eric-Emmanuel SCHMITT essaie d’illuminer le questionnement et la « nudité de l’âme » de son lecteur pour lui proposer à travers le récit un parcours de transformation de soi. Le musicien Claude VONIN est venu nous faire entendre l’histoire s du monde à travers l’évolution des instruments.

Changer notre imaginaire.

Selon Michel Maxime EGGER, notre imaginaire s’est fixé sur l’illusion d’une terre aux ressources inépuisables. L’écologie extérieure, faite de lois ou de gestes écocitoyens ne suffit plus. Il nous faut développer une écologie intérieure dont les racines sont culturelles et spirituelles. Pour réussir cette transition écologique, l’exercice est multiple : honorer notre peine pour le monde, reconnaitre au fond de soi ce que notre cerveau sait déjà, se reconnecter à la terre et sortir d’une logique de croissance économique et consumériste, quitter nos indifférences mortifères en acceptant d’accueillir et de partager notre ressenti. Le sort de la planète est lié à l’expérience de notre interdépendance et au sentiment de notre coappartenance. Pour éviter la destruction, le « méditant-militant » appelle à développer un mode de vie qui deviendra progressivement un mode d’être. Les causes qui épuisent la terre et les humains relèvent bien du domaine spirituel. Il nous faut retrouver du lien et du sens.

Se laisser inspirer par les Pères du désert

Dans la chapelle, Daniel VIGNE a évoqué les pères du désert, ces ascètes du IV et V èmes siècles en Egypte, Syrie ou Palestine, inspirés par la figure de Saint Antoine. En leur temps, ces hommes ont réussi à exorciser l’Egypte de ses forces animales et les ont remplacées par la lumière du Christ. Plus ils s’éloignaient des villes, plus on venait à eux. Humilité, sobriété, silence… leur ont permis de mener les foules au Christ. La tentation de ces moines était double ; soit l’orgueil « Bravo, tu es arrivé » soit le découragement ; « Tu n’y arriveras jamais ». L’intériorité est un chemin ascétique, un combat contre soi-même et parfois même contre Dieu. L’homme y est sans cesse reconduit à l’essentiel. Le Père du désert se voyait comme une « rose des sables » sculptée par les vents. En plein désert, sa respiration était la prière.

Vincent LECLERCQ, aa

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Une réflexion sur “Retour sur l’UEA 2018, avec le père Vincent Leclercq

    • Jean Paul ROGEZ

      23 février 2019 à 1:53

      Après vous avoir écouté hier soir à Condette, aux Tourelles, voulez vous me donner vos coordonnées afin que je puisse vous écrire et ainsi répondre à la 1° question que vous nous avez posée : “Qu’est ce que je crois” à propos de ce qu’on devient après la mort, plus complètement que je n’ai pu le faire au micro.
      Bien cordialement
      Jean-Paul ROGEZ

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