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Textes de Bruno Chenu pour présentation de l’oratorio « A Dream Alive »

« Je fais un rêve », (Bayard 1987)

Recueil de textes de Martin Luther King tirés de

« A Testament of Hope. The Essential Writings of Martin Luther King Jr » (Harper and Row, 1986)

Présentation de Bruno Chenu (extraits)

« Martin Luther King Jr a laissé une trace indélébile dans l’histoire de notre siècle. Pendant plus de dix ans, il a incarné le peuple noir américain pour ses droits civiques. Tambour-major de la justice, il a réveillé la conscience assoupie de l’Amérique. Mais son rôle ne s’est pas limité aux frontières des États-Unis. King a travaillé à l’avènement d’une communauté mondiale, fondée sur la reconnaissance mutuelle et l’éradication de la guerre, de la pauvreté et du racisme. Il appartient désormais à toute l’humanité qui reconnaît en lui un de ses incontestables prophètes.

Superbement doué au point intellectuel, King aurait pu devenir professeur d’université. Orateur exceptionnel, ayant collectionné les prix d’éloquence dès son plus jeune âge, il aurait pu faire carrière dans son Eglise Baptiste. Mais il y eut le 1er décembre 1955. Ce jour-là, sa vie a basculé. Que s’est-il donc passé en cette soirée d’hiver ?

Nous sommes à Montgomery, dans l’Alabama virgule au cœur du Sud profond. Madame Rosa Parks, couturière de son état virgule entre fatiguée de sa longue journée de travail point dans l’autobus qui la ramène chez elle, elle refuse de laisser sa place à un blanc, alors qu’elle est assise dans la partie du bus réservée aux noirs. Le contrôleur l’a fait arrêter pour infraction à la loi tacite du Sud qui veut qu’un noir cède sa place à un blanc si l’autobus est plein. Dès le lendemain, les noirs de la ville se mobilisent et décident un boycott massif des autobus municipaux. Un jeune pasteur, nouveau venu dans la ville, est placé à la tête du mouvement : il s’appelle Martin Luther King.

Le premier discours de King, prononcé le soir du 5 décembre 1955, discours qu’il avait préparé très rapidement puisqu’il avait été nommé président de l’association organisant le boycott des bus l’après-midi même, donne le ton d’un engagement qui le conduira au sacrifice suprême. » …

« Ce sera une rien comprendre à Martin Luther King que de ne voir en lui qu’un militant professionnel, un spécialiste de la stratégie non-violente, un doux rêveur. Il a désigné lui-même très clairement la source de son engagement : la foi chrétienne. » …

« Il n’a fait que reprendre le flambeau d’un optimisme chrétien à l’égard de l’avenir qui est une des caractéristiques des négro spirituals. » …

« Martin Luther King a été l’incarnation du meilleur de la tradition noire, jusqu’au don de sa propre vie. Sa militance a démontré la capacité du christianisme à bousculer une société injuste et violente. L’amour n’est pas un sentiment intimiste, il est une force historique. Le rêve court toujours… Car le prédicateur ne peut qu’être prophète. »

« Le christ noir américain », Bruno Chenu (Desclée, 1984)

Chapitre 6. « L’évangile selon Martin Luther King Jr » (extraits)

« Ils se dirent entre eux : voilà l’homme aux songes qui arrive !…

Tuons le… Nous allons voir ce qu’il adviendra de ses songes ! ».

Ce texte de l’histoire de Joseph est inscrit sur le balcon du motel Lorraine, à Memphis, là où la balle du tueur a atteint « l’homme aux songes ». Le rêveur a été éliminé, mais le rêve court encore. Coretta King écrit : « quand la balle d’un assassin mais la fin à la vie de Martin Luther King, elle a manqué son but. Plus de gens ont entendu son message en quatre jours que dans les douze années pendant lesquelles il a prêché »…

« Évoquons quelques épisodes de la vie du leader noir pour saisir sur le vif sa foi pascale. En quittant ses paroissiens de Montgomery en janvier 1960, King les a avertis que « la liberté n’est jamais libre ». Elle doit être payée à grand prix de sacrifices et de souffrances. Lors de la bataille de Birmingham en 1963, le prédicateur baptiste choisit le Vendredi Saint pour se laisser emprisonner pour une treizième fois. Il avait déclaré aux Noirs mobilisés que les choses allaient si mal à Birmingham que seul « le poids rédempteur de la souffrance » pouvait en changer le cours. Il allait donc en prison comme « un bon serviteur de mon Seigneur et Maître, qui fut crucifié le Vendredi Saint ». Au moment où il quittait l’église du Rassemblement, une voix s’éleva : « le voilà qui s’en va, comme Jésus ». King était prêt à offrir sa vie pour la rédemption de l’âme de l’Amérique : « si la mort physique est le prix qu’il me faudra payer pour libérer mon frère blanc et tous mes frères et sœurs d’une mort permanente de l’esprit, alors rien ne saurait être plus rédempteur ». La souffrance du chrétien se révèle force créatrice et salvifique. Comment ne pas révéler enfin que Martin Luther King a été assassiné à l’orée d’une nouvelle Semaine Sainte ? » …

« Le programme de la vie chrétienne est fixé par Pâques : faire de la proximité mondiale une fraternité universelle. Et la vision de cette humanité réconciliée nous est parfois donnée, comme au lendemain de la marche de Montgomery où, à l’aéroport, Martin Luther King se dit : « en les regardant tous ensemble réunis, Noirs et Blancs, religieuses et prêtres pasteurs et rabbins, militants syndicalistes, avocats, médecins, domestiques et commerçants, j’eus la conscience d’avoir sous les yeux, en cet instant de fraternité pure et lumineuse, un microcosme de l’humanité future »…

« Dès 1956, il avait suggéré que « une fois encore, il se pourrait que le sang des martyrs soit la semence du tabernacle de la liberté ». En 1961, à Albany, il avait déclaré : « Cela peut me faire crucifier. Je peux mourir. Mais je veux qu’on dise, même si je meurs dans la lutte : il est mort pour me rendre libre ». King s’était identifié à la passion du Christ. Il continue à vivre parmi nous comme le martyr de l’amour désarmé, comme le prophète non violent du Royaume de Dieu » …

« Il a pris le chemin pascal du Christ pour en expérimenter la vérité. Il s’est uni jusqu’à la mort au destin du Serviteur Souffrant. Sa confession de foi est un comportement. Elle s’exprime dans la lutte contre le racisme et l’impérialisme, pour une humanité dans le Christ :

« Dans le Christ, il n’y a ni Juifs ni Gentils.

Dans le Christ, il n’y a ni homme ni femme.

Dans le Christ, il n’y a plus ni communiste ni capitaliste.

Dans le Christ, il n’y a plus, au fond, ni esclave ni homme libre.

Nous sommes tous un dans le Christ ».

« Le grand livre des Negro Spirituals », Bruno Chenu (Bayard, 2000)

 (extraits)

« De refrain fredonné dans un quartier d’esclaves de Caroline du Sud, le spiritual est devenu un chant plébiscité que l’on retrouve sous toutes les latitudes. Non seulement les artistes et les chorales d’Amérique noire ont sillonné la planète mais une multitude d’hommes et de femmes se reconnaissent dans cette expression musicale et ont traduit dans leurs différentes langues les mots des vieux cantiques. Le spiritual a franchi toutes les frontières, porteur d’un grand souffle de dignité et de liberté pour tous les opprimés de la terre, car il constitue une parabole universelle de l’existence humaine. » …

« Mais le plus étonnant est encore l’impact des spirituals sur la lutte sociale et politique des noirs. On l’a bien vu lors du Mouvement des droits civiques, dirigé par Martin Luther King Jr, entre 1955 et 1968. Ce qui s’est passé alors est non seulement la redécouverte des vieux Negro Spirituals, mais leur actualisation, leur adaptation à la situation de combat non violent contre la ségrégation. L’histoire du mouvement a pu être racontée à travers ces chants. Certains Spirituals n’ont même pas besoin de transformation quand ils déclarent : « libres enfin, libres enfin, merci Dieu tout puissant, nous voilà libres enfin. » …

« Andrew Young, compagnon de King, a commenté ainsi le rôle de la musique dans cette épopée : « d’une façon ou d’une autre, à travers la musique, nous avons découvert un grand secret : à savoir que le peuple noir, autrement intimidé, découragé et affronté à d’innombrables et insurmontables obstacles, pouvait transcender toutes ces difficultés et forger une nouvelle détermination, une nouvelle foi vigoureuse, fortifié qu’il était par le chant… La musique était le don que les gens se faisaient à eux-mêmes, un réservoir sans fond de puissance spirituelle. » Pour Martin Luther King, les chants étaient « l’âme du Mouvement » parce qu’ils se terminaient toujours sur une note d’espoir. »

« Martin Luther King Autobiographie », (Bayard 2008)

Edition originale « The autobiography of Martin Luther King Jr »

textes réunis par Clayborne Carson

Préface de Bruno Chenu (extraits)

« Nul doute que Martin Luther King a été l’un des hommes qui ont exercé la plus grande influence sur le XXe siècle. Pendant longtemps encore, son visage et son combat seront familiers à tous ceux qui luttent pour les droits de l’homme, pour l’élimination du racisme, de la pauvreté et de la violence. En lui se reconnaissent tous les damnés de la terre qui ne peuvent résister à l’oppression qu’à mains nues, usant de la seule arme de leur dignité. » …..

« Deux mois avant sa mort, par un étrange pressentiment, il avait préparé son éloge funèbre : « Si vous voulez dire que j’étais un tambour-major, dites que j’étais le tambour-major de la justice ; dites que j’étais le tambour-major de la paix ; dites que j’étais le tambour-major du bon droit. Et tout le reste, tout ce qui est superficiel, ne comptera pas. » »

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Une réflexion sur “Textes de Bruno Chenu pour présentation de l’oratorio « A Dream Alive »

    • Maguy

      21 novembre 2025 à 3:15 pm Répondre

      Merci pour cette initiative

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