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Regards sur 20 ans de l’UEA: sous le signe du dialogue (3/5)

De 1993 à 2013, sur 20 ans se seront déroulées 10 universités d’été assomptionnistes. Une évocation et un bilan des neuf premières sont faits à travers leurs thématiques, leur pédagogie, leurs intervenants…

Le dialogue des hommes

Pour l’UEA, le dialogue est comme une obsession. On en parle, on le promeut, on essaie aussi de le pratiquer sous de multiples formes, dans l’organisation même des programmes :

  • Le dialogue entre les participants eux-mêmes (issus de milieux, d’âges, de cultures différentes, des religieux, religieuses, laïcs, croyants de différentes confessions ou religions) est favorisé et encouragé tout au long des universités : ateliers, forums, tables rondes, temps de détente, échanges d’expériences, veillées… Certaines universités donnent parfois lieu à des rencontres inédites et imprévues : ainsi en 1994, de Olivier Clément, d’Antoine Wenger, d’Irina Alberti, et Serge Averintsev, et de Mgr Stratiev, évêque de Sofia, Mgr Seraphim, roumain, orthodoxe, métropolite à Munich.
  • Le dialogue avec les conférenciers : lors de séances de questions-réponses, après les exposés, échanges entre universitaires, journalistes, hommes et femmes de terrain.
  • Entre les conférenciers eux-mêmes de disciplines et de spécialités différentes (sciences humaines, sciences religieuses, sciences exactes) qui apportent leurs connaissances dans un esprit constructif et confrontent leurs points de vue et leurs démarches.

Le dialogue entre générations

Chaque université compte une présence variable mais significative d’enfants et de jeunes, qui réfléchissent sur le même thème mais avec des programmes spécifiques (cf. bd sur Jésus avec « Grain de soleil », en 1996), veillée des enfants en 2008, « master class ». Ils font part de leur recherche et de leur réflexion lors de veillées communes, ou par des expositions spécifiques.

Par ailleurs, il est à noter que des scouts sont venus à plusieurs reprises participer à la bonne marche de la rencontre (2004, 2006, 2008).

Le dialogue (confrontation) entre disciplines.

Les organisateurs ont le souci de multiplier les approches et les éclairages, en fonction des thèmes. Ils font surtout appel aux spécialistes de sciences humaines (philosophie, littérature, histoire, géographie, anthropologie, psychologie, sociologie, esthétique etc…), et de sciences religieuses (Bible, dogmatique, histoire des religions, théologie des religions, spécialistes de l’islam, du judaïsme, du christianisme, des religions asiatiques, etc…)…Pour une fois, en 2008, l’UEA est sortie de son univers habituel, lié aux sciences humaines, et a décidé d’affronter les questions que pose le monde scientifique, et plus spécialement les neurosciences ; elle s’est demandé comment aujourd’hui dialoguent la science et les religions.Quelle cohérence entre la science et la foi ?

Quelle que soit leur discipline, les intervenants ont la plupart du temps des points de vue différents, en fonction de leur sensibilité ou de leurs convictions religieuses : ils n’hésitent pas à les partager. Comme avec les universitaires, le dialogue se poursuit aussi avec les journalistes, et les hommes et femmes de terrain (éducateurs, missionnaires, mères de famille, pasteurs et religieuses) !

Le dialogue inter-religieux

Le dialogue inter-religieux appartient aussi aux constantes des universités qui ont permis une meilleure connaissance d’autres chercheurs de Dieu (religions traditionnelles africaines, noirs américains, islam, spiritualités asiatiques, judaïsme). Pour aborder ce domaine, l’UEA fait appel aux meilleures spécialistes et aux compétences des Instituts de Théologie des religions (ISTR) de Paris, et de Marseille. Ce dialogue était d’ailleurs le thème principal de la session spéciale organisée à Marseille en 2011 (9-10-11 décembre), intitulée : «  Le christianisme au défi de la pluralité des religions », avec 50 participants.

« Pour découvrir l’expérience des chrétiens marseillais, raconte l’un des témoins, nous avons plongé : une immersion dans la ville. Le matin, nous sommes allés à la rencontre de différentes communautés, nous avons été accueillis à la synagogue, dans la mosquée des musulmans d’Afrique de l’Ouest, des Comores, au Parvis – un espace culturel et social animé en centre-ville par des chrétiens réformés -, au sanctuaire marial de Notre-Dame de la Garde fréquenté bien au-delà des seuls catholiques, et dans l’église des chrétiens catholiques melkites, de langue arabe. “Marseille Espérance” est un rassemblement des représentants religieux des communautés présentes à Marseille. L’après-midi était consacrée à une formation plus universitaire. Nous avons découvert les racines juives du christianisme ainsi que les lectures juive, chrétienne et islamique de la geste d’Abraham. Enfin, nous avons vu comment le dialogue inter-religieux est pour l’Eglise un lieu de foi, de travail théologique et d’expérience spirituelle ».

Ce sujet a aussi été abordé lors de la session sur la Méditerranée (2010) : « Nous nous retrouvons autour du thème ’Les religions en Méditerranée, un même creuset ? Étymologiquement, un creuset est une lampe à deux mèches croisées, mais ici, ce sont trois mèches qui se mélangent, avec des flammes qui vont dans différents sens. » (Jean-Marc Chouraqui, 2008)

Le dialogue des cultures

Ce dialogue se fait par la présence d’intervenants de cultures différentes, par la présentation de spectacles venus d’ailleurs, par des ateliers spécifiques (cuisine, calligraphie, peinture, cérémonie du thé,pratiques de méditation zen,présentation d’instruments de musique :duduk arménien, bouzouki grec ou kemencheh persan) dont le but est de plonger dans d’autres mondes.

Il se fait aussi par des visites sur le terrain ! La visite à Vaux-en-Velin, à Lyon. La session à Marseille en décembre 2011 a été l’occasion pour tous les participants de se frotter à toutes les cultures du bassin méditerranéen, et de profiter des préparatifs des manifestations de « 2013, Marseille, capitale de la culture »,et du« Musée des Civilisations, de l’Europe et de la Méditerranée »

Le dialogue œcuménique entre confessions chrétiennes

La question de l’unité et du dialogue entre chrétiens est une question cruciale lors des différentes UEA : des intervenants font le point sur ce dialogue et les différents partenaires ; il ne s’agit pas seulement d’une question théorique. Plusieurs UEA exposent la situation de chrétiens dans différents contextes : Afrique, Europe de l’Est, Moyen-Orient, bassin méditerranéen, Asie… Des chrétiens d’Eglises différentes participent aux rencontres, et ils y interviennent comme conférenciers. La Bible et la Parole de Dieu est le lieu privilégié de ce dialogue. Les rencontres s’efforcent de favoriser le dialogue sur place, par une meilleure connaissance réciproque, et en luttant contre les préjugés : chrétiens d’Orient et chrétiens occidentaux (1994), en renouvelant le regard des uns et des autres sur les croyants d’autres traditions ou religions (1998, 2001), en les ouvrant aux sagesses et aux spiritualités asiatiques et aux questions qu’elles posent aux christianisme (2003).

Parfois tous partagent la même prière.

Le dialogue œcuménique est l’objectif principal de l’UEA de cette année (2013) : « TOUS INVITES AU DIALOGUE » « Chemin de l’homme, chemin de Dieu ». « Cette année, précise le document de présentation, le Groupe des Dombes, instance de dialogue entre théologiens catholiques et protestants et auquel appartenait Bruno Chenu, décédé il y a dix ans, s’associe à cette rencontre. Dans cette période d’anniversaire de Vatican II, l’Université veut aussi souligner l’ouverture et la capacité de reconnaître des éléments de vérité dans d’autres églises et traditions chrétiennes qu’a suscitées le Concile. »

Sous le signe du DIALOGUE

S’il est un point commun à toutes les UEA, c’est bien la volonté de dialogue.Toutes les UEA sont, d’une manière ou une autre, construites sous le signe du dialogue. Comme thème de discussion et de réflexion, mais aussi et surtout comme pratique.Dans le même esprit que Albert Camus qui, invité à faire une conférence aux éditions du Cerf, déclarait : « ce que j’ai envie de vous dire aujourd’hui, c’est que le monde a besoin de vrai dialogue, que le contraire du dialogue est aussi bien le mensonge que le silence, et qu’il n’y a donc de dialogue possible qu’entre des gens qui restent ce qu’ils sont et qui parlent vrai ». Dans un tel dialogue il s’agit de rester à la fois fidèles aux affirmations de ses convictions tout en étant respectueux des autres démarches et convictions. Il ne faut pas avoir peur : la découverte d’autres spiritualités peut nous enrichir. Elle peut nous conforter dans notre propre foi en lui donnant une nouvelle étoffe.Manual word wrap
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« Dialoguons, dialoguez ! »insiste le texte d’invitation à l’UEA 2013. Le dialogue est plus nécessaire que jamais. C’est une donnée essentielle de notre humanité. Être homme, en effet, c’est dialoguer : avec soi-même, avec autrui, avec le monde, avec Dieu. Et être chrétien, c’est se risquer à la parole de l’autre, voire de cet Autre, qui révèle à soi-même. Être Eglise, enfin, c’est renoncer à se suffire à soi-même, mais faire advenir le Royaume de Dieu en annonçant et en pratiquant l’Evangile de la rencontre : en se faisant, selon une formidable trouvaille du pape Paul VI, il y a près de 50 ans, « conversation » avec le monde et avec l’homme. Vivre, croire, c’est dialoguer.

C’est aussi ce que disait Benoît Grière, provincial assomptionniste, dans une homélie de 2008 :« Nous venons de passer trois jours à réfléchir sur les frontières de l’humain. Trois jours de débats où nous avons découvert les avancées prodigieuses réalisées grâce aux découvertes scientifiques, mais aussi trois jours où nous avons contemplé avec vertige les défis qui étaient posés à notre humanité à cause du progrès.

Il est bon, au terme de tous ces échanges, que ce soit la parole de Dieu qui retentisse. Parole qui est là pour éclairer et pour guider, parole qui ne condamne pas, mais qui donne à l’homme le moyen d’avancer sur la route avec le cœur rempli d’espérance. Oui, Jésus est le fils du Dieu vivant, mais il est aussi l’homme qui estvenu marcher sur notre route et assumer notre humanité jusque dans la mort. Le Fils de Dieu est cet homme-là qui avance vers Jérusalem n’écartant rien de ce qui affecte la condition humaine : la peur, la souffrance et la mort.

Dans tous nos échanges, je me suis souvenu que notre humanité était vécue par Dieu et qu’elle ne lui était pas étrangère, comme si elle demeurait de l’autre côté de la frontière. Dieu comprend notre humanité, Dieu parle notre langue, Dieu sait de quoi nous sommes pétris. Cela est une bonne nouvelle et nous devons repartir de cette UEA avec cette espérance : rien d’humain n’est étranger à Dieu. »

Les Pères de l’Église n’ont pas hésité à dire que l’homme était appelé à “devenir Dieu”, à être divinisé ; et à Lyon, comment ne pas évoquer la figure de saint Irénée qui a si bien formulé la vocation de l’homme : devenir Dieu. »

C’est ce que résume le titre de l’UEA de cette année (2013) :

TOUS INVITES AU DIALOGUE

« Chemin de l’homme, chemin de Dieu »

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