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Méditation du soir

Texte de la méditation de Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers, au cours de la prière du samedi soir.

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À la veille de sa passion, Jésus raconte cette histoire…
Jean-Marie Lustiger y lit (avant la parabole qui suit, dite du jugement dernier) le jugement des juifs et des chrétiens, dépositaires de la Parole de Dieu, qui ont reçu ces talents que sont les lectures des Écritures, l’accueil de la Parole de Dieu.
Vous êtes les dépositaires de la Parole du Christ, alors qu’avez-vous fait de lui ?

Seigneur, nous nous présentons devant Toi ce soir avec le travail de cette journée, avec le travail de nos journées. Comment avons-nous fait fructifier la parole que Tu nous as donnée ? Tu ne nous l’as pas donnée pour nous seulement, mais en vue de l’humanité.

Ta parole, nous la portons dans nos responsabilités quotidiennes… non pas seuls, mais avec toutes nos sœurs, tous nos frères en humanité. Responsables de ta création, responsables de l’avenir de notre humanité.

Mais la tâche n’est-elle pas trop lourde pour nos frêles épaules ?

Le découragement nous guette – et il nous induit en tentation de te regarder à la manière du troisième serviteur, comme ce maître exigeant, accapareur, dominateur, ce maître dur dont il se méfie… Ce que tu attends de nous, nous ne pourrons jamais le réaliser véritablement.

Tu nous invites à travailler, à résister…

Tu nous invites à cette retenue symbolisée par le shabbat. Comme Dieu s’abstient de travailler pour laisser place à l’homme. Comme nous pouvons laisser place aux autres dans nos projets, qui risquent d’être toujours trop volontariste, trop centrés sur nous-mêmes finalement. Donne nous de nous réjouir du bien fait par les autres…

Donne-nous de nous rendre compte que tu es avec nous, auprès de nous. Tu nous as dit : venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Tu m’as dit : prends sur toi mon joug, car je suis doux et humble de cœur, et tu trouveras le repos. Oui, mon joug est facile et mon fardeau léger.

Et j’ai pensé au joug que tu m’imposes. Et puis j’ai découvert que, lorsque tu parle de joug, que tu dis « mon joug », c’est le joug auquel tu es attelé à côté de moi. On est deux sous un joug. Et tu fais la paire avec moi.

Tu l’as vraiment fait dans ton chemin d’homme. Tu as partagé nos obscurités et nos faiblesses. Tu as tâtonné pour trouver où était l’appel de ton Père. Tu as été confronté à l’échec de l’Évangile. Après les premiers enthousiasmes, il a bien fallu te rendre compte que les foules t’abandonnaient, que les disciples décidément ne comprenaient pas grand chose, ou qu’ils voulaient t’entraîner sur des pistes qui n’étaient pas les tiennes parce qu’elles n’étaient pas celles de ton Père.

Tu as été confronté au refus des autorités de ton peuple. Tu as été livré aux païens. Tu es entré dans ta passion. Tu as rejoint nos faiblesses et nos incapacités. Tu as abandonné tous tes projets et tes désirs entre les mains du Père.

Avec toi, nous sommes invités, dans l’Esprit qui nous vient du Père, à abandonner les fruits de notre action, les fruits de notre vie, entre les mains du Père.

Donne-nous d’accepter notre finitude, de ne pas nous rêver immortels, d’accepter d’être ces êtres faibles petits, fous, que tu as choisis, pour entrer dans ton propre chemin. Donne-nous d’accepter d’entrer avec toi dans ta Pâque.

Alors nous trouverons avec toi la force pour une action humble, partagée avec d’autres, véritablement solidaire, cette action à laquelle tu nous appelles et pour laquelle tu es avec nous, et avec toute l’humanité, sous le même joug.

Grâce à toi, dans ton Esprit, nous deviendrons vraiment humains, à l’image et à la ressemblance de Dieu, humains dans le don et l’accueil, heureux d’être ce que nous sommes, heureux dans l’obéissance au réel.

Guide-nous, aide-nous à discerner, donne-nous le courage et la force…

(Matthieu 25,14-30 ; 1 Corinthiens 1,26-31)

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