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P. Philippe Deterre : L’innovation technique et les savoirs scientifiques

Quelques considérations en regard de la tradition chrétienne.

deterre1-f65f0Pour comprendre ce qui sera exposé ici, il convient de savoir que je suis prêtre de la Mission de France, ce diocèse particulier sans territoire où la majorité des prêtres ont un travail professionnel. Pour ma part je suis biologiste, chercheur au CNRS depuis 25 ans. Après une thèse en physique du métal, puis une autre en neurobiologie, je suis actuellement biochimiste-biophysicien dans un laboratoire d’immunologie à la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

A partir de cette expérience, je suis sollicité pour témoigner devant vous sur la manière d’accueillir et d’intégrer les changements techniques qui ne se cessent d’émerger dans nos sociétés. Je le fais en trois parties successives : (i) quelques considérations sur les outils techniques à partir du lieu de la recherche scientifique ; (ii) des remarques sur le dialogue science-foi et (iii) quelques ressources de la tradition chrétienne pour notre propos.

1. Les techniques entre voir et savoir

Voir ce qu’on ne voyait pas

Un souvenir : au milieu des années 1970, jeune doctorant, j’assistais à mon premier congrès scientifique. Il s’agissait de physique du métal, et plus précisément des mécanismes fondamentaux de la déformation métallique. Depuis les travaux de Friedel et de ses élèves, on savait que cette déformation s’opérait par la création et la dynamique de certains défauts d’empilement atomique qu’on appelle des « dislocations ». On avait pensé leur existence dans les années 30, on avait commencé à les voir par microscopie, mais on ne faisait qu’imaginer et calculer leurs mouvements et leur apparition au sein d’un métal. Un des chercheurs participant au congrès annonce qu’il a un petit film à montrer, réalisé en microscopie électronique. Voilà les 200 personnes du congrès penchées pour scruter un petit écran de télévision un film de deux minutes, très mal monté avec de nombreuses sautes d’images. Le silence dans l’amphithéâtre était impressionnant. Un silence de fascination. Les gens « voyaient » enfin ce qu’ils imaginaient depuis près de 50 ans. Moment unique, moment magique. Moment de grâce peut-être…

Les nombreuses techniques qui sont utilisées aujourd’hui en biologie, dont certaines sont apparues depuis que je travaille dans ce champ scientifique, consistent la plupart du temps à « voir ce qu’on ne voyait pas » : la cristallographie qui permet de visualiser la conformation et le repliement des molécules cellulaires que sont les protéines, la fluorescence qui permet de visualiser la localisation de molécules dans la cellule, ou encore celle de cellules dans un tissu, la microscopie électronique qui permet de voir des détails infimes d’une structure biologique. Sans parler des télescopes géants ou embarqués sur satellite qui permettent de visualiser une portion d’univers à des millions d’années-lumière. Toutes ces technologies relèvent de cette « pulsion » de curiosité très scientifique.

Les techniques d’imagerie médicale se développent de plus en plus et permettent des diagnostics plus précis. L’échographie par ultrasons par exemple permet sans dommage de voir les étapes de la croissance de bébé dans le ventre de sa mère. C’est, en France du moins, une technique tellement répandue qu’elle devient une médiation de relation. De nombreux hommes commencent à « réaliser » leur paternité devant les mouvements du fœtus sur l’écran de l’échographe…

Les limites de l’image

Pourtant, à chaque fois, le bon scientifique se méfie. Ce qu’il voit est-il bien ce qu’il cherchait à voir ? Après la fascination vient toujours le temps du doute. Pour voir la molécule par rayons X, il faut que cette molécule soit sous forme de cristal, c’est-à-dire un petit caillou obtenu à partir d’une solution de molécules très pure. Or, dans la cellule, une molécule biologique n’est pas sous forme de caillou cristallin. Ce qu’on voit dans le cristal est-il donc pertinent pour la cellule ?
Les mêmes interrogations existent pour toutes les techniques de « visualisation ». « Voir » ne suffit donc pas à la science. Il faut aussi savoir les limites de ce qui est vu, et donc bien identifier ce qui n’est pas vu. Et surtout, il faut bien voir (!) qu’une vue des choses est toujours dépendante d’une représentation des choses, d’une question posée, d’un savoir. Autrement dit, « voir » ne suffit pas pour « savoir » et comprendre. Ce n’est pas parce que l’on voit que telle ou telle partie du cerveau est active quand le contemplatif est en prière – ou le mystique en extase – que l’on sait ce qu’est la prière et l’extase. Cela peut certes constituer une indication intéressante, mais qu’il faut mettre en contexte avec d’autres données pour éventuellement en tirer une information pertinente.

L’innovation pour savoir

deterre2-b9c61Ainsi en fait, la plupart des techniques ont été imaginées et réalisées moins pour voir que pour savoir, pour répondre à une question précise. Cette manière de coupler une question scientifique et un outil technique est exactement ce qui relève du génie scientifique : poser une question et imaginer une réponse ne suffit pas. Etre un bon technicien non plus, même s’il s’agit d’imagerie puissante à l’échelle atomique. Un bon scientifique est celui qui pose une question et propose les moyens techniques d’y répondre, quitte à innover. Quitte à adapter ou inventer une technique adéquate à la question posée. J’en donne ici deux exemples en biologie.

Une cellule différenciée peut-elle devenir une cellule embryonnaire ? On sait que l’organisme entier se développe à partir de cellules embryonnaires qui prolifèrent et se différencient pour donner les différents tissus. Ce processus de développement met en jeu l’interaction de la cellule embryonnaire avec son environnement (c’est-à-dire les autres cellules de l’embryon et, pour les mammifères, les cellules de la paroi intra-utérine), mais aussi bien-sûr les différents gènes cellulaires, contenus, comme on la sait dans l’ADN. Or, on pensait que l’ADN était irréversiblement modifié lors du développement, et qu’il était impossible que l’ADN d’une cellule différenciée retrouve les « qualités » de l’ADN de la cellule initiale. Comme si, en quelque sorte, l’ADN vieillissait comme la cellule qui le porte. La technique dite du « clonage » – déjà réalisée sur les grenouilles par Jean Rostand – qui a donné lieu à la naissance de Dolly, a bien montré que tout ADN d’une cellule différenciée peut servir comme ADN d’une cellule embryonnaire. Et l’an dernier, les laboratoires japonais de Shinya Yamanaka (Kyoto) et états-unien de Rudolf Jaenisch (Cambridge) et James Thompson (Madison) ont montré plus directement qu’une cellule différenciée pouvait redevenir une cellule-souche, capable de donner lieu à un embryon [1]. La réponse à la question de recherche fondamentale qui était posée, pose maintenant évidemment de nombreuses autres questions… dont celles de son éventuelle utilisation médicale.

Combien de gènes pour faire un homme ? Le programme de séquençage du génome humain était un défi technique, en 1990. On savait « séquencer », c’est-à-dire identifier l’information contenue dans tel ou tel gène ou dans un groupe de gènes. Mais on ne savait pas le faire sur l’ensemble des chromosomes d’un organisme. Cela a donc été réalisé pour l’homme au début des années 2000. La surprise fut grande de constater que l’être humain n’avait guère plus de gènes que la souris (30 000) et beaucoup moins que… le riz (100 000) ! Ce n’est donc pas du côté des gènes qu’il faut chercher le « plus » qui fait l’humain… Mais finalement, cette déception ramène la génétique à ce qu’elle est : non pas la science de l’essence de la vie, mais une des composantes parmi d’autres de ce qui est nécessaire pour comprendre la biologie humaine.

Ces deux exemples montrent bien, me semble-t-il, ce qu’il en est du travail de la recherche scientifique : non pas tout savoir et enfin contempler une « théorie du tout », mais interroger patiemment chaque détail, chaque information, chaque théorie, chaque représentation. Quitte à faire tomber des idées reçues, des théories bien établies. La science n’est jamais aussi pertinente et efficace que quand elle dit « Non ! Ceci n’est pas juste ! ».

2. Dialogue Science – Foi ?

Ces techniques développées par les biologistes pour comprendre leur objet sont-elles dangereuses pour la société ? Que va-t-il se passer si la séquençage du génome humain devient une technique de routine hospitalière ? Quels garde-fous faut-il se donner pour l’utilisation thérapeutique des cellules-souches obtenues à partir des cellules somatiques ? Sans parler des graves questions à propos des techniques utilisées au regard du début et de la fin de la vie…

Dans un tel contexte, le dialogue direct entre la Foi et la Science ne me paraît pas ce qui est le plus urgent. Ce qui est nécessaire, ce sont des lieux d’échange entre citoyens sur les possibilités et les limites techniques, des lieux d’expression des besoins sociaux et des réponses partielles qui peuvent être données, des lieux d’exposé de ce que sont vraiment les outils scientifiques et leur innovation. Sans prophétisme techno-scientifique et sans catastrophisme écologique…

Et, dans ce contexte, la foi chrétienne portée par certains peut éventuellement devenir un lieu parmi d’autres de perspective intéressante et pertinente. S’il y a une tâche chrétienne urgente, c’est, me semble-t-il, avant même l’exposé catéchétique des articles de la foi chrétienne, la participation active à la création et au développement des lieux d’échange et de dialogue. Chrétiens, nous croyons à un Dieu qui « entre en relation », et qui est, en lui-même, trinité relationnelle et communication incessante, non ?

Quels sont-ils ces lieux existants ou à créer ? Cela peut être un comité d’éthique bien-sûr, mais aussi tout simplement une machine à café devant laquelle on parle d’autre chose, ou encore une personne qui suscite la réflexion, parce qu’elle a pris position, parce qu’elle est marquée par une institution, un prêtre dans un laboratoire, par exemple…

Dans ces lieux divers et variés, nous pourrons faire valoir tel ou tel aspect de notre tradition, qui peut être fécond pour l’homme d’aujourd’hui. J’expose ici brièvement deux caractéristiques de ce que nous appelons la « Création » et qui me semble ainsi être pertinent pour notre réflexion sur les rapports entre sciences, technique et société.

3. Les ressources insoupçonnées de la Création

deterre3-aa7edParler de la Création aujourd’hui prête à confusion. Par là, on entend souvent en effet une théorie de l’apparition des choses, qui viendrait plus ou moins en concurrence avec les théories astrophysiques, chimiques et biologiques issues des sciences. Faut-il insister ? La foi n’est pas une adhésion à un scénario de début du monde, à un modèle de fabrication de l’univers. Je voudrais ici me situer au plus loin, non seulement du créationnisme, mais aussi du déisme et d’une certaine théologie naturelle. Et pour au moins une raison simple : si on ne peut ignorer le fait que la Bible parle de l’acte créateur comme d’une fabrication, on ne peut pas plus ignorer que c’est loin d’être le seul langage biblique pour l’évoquer. A côté la création par fabrication, il y a aussi la création par génération, la création par parole et la création par combat [2]. Si la première peut éventuellement être confrontée aux théories scientifiques de l’histoire de l’univers, les autres modes de création sont d’une force symbolique qui n’a rien à voir avec la chimie interstellaire et l’évolution biologique.

La création est résistance au mal

C’est la « création par combat » que je voudrais d’abord (trop) rapidement évoquer ici, à l’aide deux textes : Gn2 et 2Mac7. On sait bien tout récit d’origine bute sur une question centrale. Pourquoi le mal ? Même s’il existait un jour une théorie scientifique du « tout », elle ne dirait rien de l’existence de ce mal qui ronge les existences individuelles et collectives. Heureusement d’ailleurs. Toute tentative d’explication du mal et du malheur aboutit à une inhumanité et à la violence. Les textes bibliques et évangéliques laissent intacte la question de l’énigme du mal, mais, par contre, proposent des ressources pour y résister [3]. Si le deuxième chapitre de la Genèse présente la manière dont sont « créés » l’homme et la femme, il présente aussi – si j’ose dire – le travail de Dieu pour chercher l’humain dans sa déréliction après qu’il eut saisi le fruit séducteur, après que l’homme et la femme se soient perdus dans le végétal. Dieu est créateur quand il appelle et cherche Adam à la brise du petit jour.

Ils entendirent les pas de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour, et l’homme et la femme se cachèrent devant Yahvé parmi les arbres du jardin. Yahvé Dieu appela l’homme : « Où es-tu ? » dit-il. (La Genèse, 3/8-9, Bible de Jérusalem)

Malgré la perversion de la parole, Dieu cherche l’homme, le sort de sa confusion avec la nature végétale, reprend son adresse à l’homme et à la femme, leur donne de vivre, certes une vie désormais problématique, mais une vie possible. Cette ouverture à une action de Dieu, à un salut, à une libération messianique n’est pas une finalité imposée : c’est une capacité insoupçonnée de résister au mal.

C’est en tout cas ce que nos lisons dans l’expérience dramatique de la mère des sept enfants racontée dans le chapitre 7 du deuxième livre des Macchabées. Cette femme mère de sept garçons a vu mourir sous ses yeux ses six premiers enfants par la main d’Antiochus, l’oppresseur grec, parce qu’ils ont refusé de renier leur foi religieuse. Le bourreau invite la mère à parler à son plus jeune fils pour que, lui au moins, sauve sa vie en reniant. Elle lui parle effectivement, mais dans sa langue native que ne comprend pas le tyran grec :

Mon fils aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon sein, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge où tu es. Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de la même manière. Ne crains pas ce bourreau, mais et montrant digne de tes frères, accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux dans la miséricorde. (2 Macchabées, 7/27-29, Bible de Jérusalem)

La foi de cette femme en Dieu créateur [4] est un acte de résistance. Se reconnaître comme être créé, c’est exactement ici résister au mal, c’est manifester le « courage d’être ». Il n’est d’ailleurs pas indifférent que c’est dans le même texte qu’apparaît dans le texte biblique la première formulation de la foi en la résurrection.

Au moment de le dernier soupir :

« Scélérat que tu es, dit-il, tu nous exclus de cette vie présente, mais le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois. (2 Macchabées, 7/9, Bible de Jérusalem)

Ici s’opposer au mal c’est manifester la puissance de la nouvelle création qu’est la résurrection [5] du Christ. Il est mort sans laisser de « prise » à la mort, à la puissance de la mort qu’est le « diable », en pardonnant. Les chrétiens confessent que c’est dans cette « résistance » à la mort, autrement dit sa résurrection, que nous avons la vie.

On pourrait aussi invoquer ici le fameux cantique des Trois Enfants, hymne au créé cosmique. Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur ! (Daniel, 3/24-90). Cet hymne est en fait un acte de résistance. Ananias, Azarias et Misaël sont dans la « fournaise de feu ardent » et résistent au roi qui veut leur faire abjurer leur foi…

La création et le sabbat

deterre4-2b39cLe premier chapitre de la Genèse présente la création des éléments cosmiques en six jours. On a beaucoup réfléchi à cet « hexameron » et à son déroulement précis [6], mais il faut bien remarquer qu’une des spécificités du texte biblique est d’ajouter le septième jour où Dieu ne fait rien… La pratique du sabbat est d’ailleurs une des caractéristiques distinctives du peuple hébreu puis juif. On sait que les prophètes fustigeront très souvent le peuple et ses dignitaires parce qu’ils oublient le sabbat. On sait aussi que c’est parce qu’ils voulaient pratiquer le sabbat (un culte dans le désert) que Pharaon commencera à opprimer les hébreux en Egypte et qu’il augmentera les cadences de travail…

Le sabbat est la marque humaine dans le temps naturel et biologique. S’arrêter » de travailler n’est pas dans la nature des choses. C’est l’empreinte d’une rupture culturelle dans le temps. Plus précisément dans Gn1, il est dit par deux fois que Dieu « chôma » (traduction Bible de Jérusalem) ou « arrêta tout travail » (traduction Bayard), comme s’il était important de préciser que Dieu n’est seulement celui qui crée en travaillant. Il est aussi créateur en s’arrêtant de produire… Ou autrement dit, il n’est pas qu’une puissance créatrice. Paul Beauchamp ramasse cela dans une formule superbe : Dieu est plus fort que sa force. Le sabbat est la marque de la douceur de Dieu [7]. Par le commandement du sabbat, l’homme est donc invité comme Dieu à faire preuve de douceur dans son rapport à la nature, à être plus fort que sa fore, à maîtriser sa maîtrise.

On sait que Dieu avait donné à l’homme tous les arbres du jardin à manger sauf un. Et c’est précisément du fruit de cet arbre que l’homme s’est emparé. L’invitation diabolique avait transformé le « sauf un » en « rien du tout ». Alors Dieu vous a dit : « Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin ? » (Gn3/1). Dans la bouche du serpent, le « pas tout » divin est devenu le « rien ». Pour faire de l’humain, il y a de la retenue : pas tous les arbres, pas tous les jours. C’est l’oubli de cette retenue qui plonge l’homme et la femme dans l’inhumanité…

J’ai en tout cas la nette impression que ces considérations sur le sabbat et la douceur de Dieu sont au moins autant pertinentes pour notre époque, qu’une quelconque convergence de la création biblique avec un réglage initial des constantes physiques universelles ou avec une orthogenèse improbable…

Un exemple de cette retenue, que pour ma part je relie au sabbat : on sait qu’en France l’échographie est pratiquée sur toute femme enceinte. La plupart du temps, l’échographe diagnostique une grossesse normale. Dans ces cas-là, il propose souvent à la maman, et au papa s’il est là, de connaître le sexe de l’enfant à naître. Et de nombreux cas, les parents souhaitent ne pas savoir [8]. Au cœur même de la techno-science la plus sophistiquée, qui est là pour « savoir », l’humain nargue : « Vous voulez savoir ? Non, non ! ». Etonnante retenue. J’y vois un signe de l’efficacité sabbatique. Tout savoir n’édifie pas.

Il nous faut des lieux de « sabbat » dans notre monde, des lieux où se disent l’humain dans sa retenue, l’humanité au-delà des seuls marqueurs biologiques. Des lieux à l’écart des six jours, où un recul, une réflexion s’opère pour que l’humain travaille et se découvre. Un comité d’éthique par exemple, ou simplement une machine à café où l’on parle d’autre chose, ou encore une université d’été…

 

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