Isabelle Chateauminois et Geneviève Couturier ont réalisé une fresque évolutive autour du cerveau pour animer les liturgies. Isabelle nous explique les différentes étapes de cette fresque au fil des jours.
Isabelle, comment avez-vous imaginé cette fresque ?
Nous sommes parties d’une vision qui n’est pas la vision des scientifiques, mais plutôt la vision, nous l’espérons, de l’artiste et du poète. C’est une impression de cerveau avec les hémisphères, les différentes parties du cerveau, d’une façon très schématique, très poétique. Et puis nous avons aussi installé un neurone puisque le sujet du jour c’était les neurosciences. Il nous a semblé à la fois que ce neurone devait être prioritaire et puis en même temps c’est très beau un neurone avec toute ces arborescences, ça nous a beaucoup séduit.
Et ensuite nous avons intégré trois éléments :
- le poisson qui marquait le début de l’évolution du cerveau tel qu’on l’a vu – c’est tout un monde poétique – mais ça représente aussi quelque chose qui a été analysé, le cerveau reptilien
- le petit mammifère, très ancien, qui se rapportait plus au cerveau limbique
- et l’homme qui s’apparentait davantage au néo cortex.
Ce sont différents stades d’évolution du cerveau.
Puis nous avons ajouté les hommes et leurs différentes activités. Pour faire comprendre que l’homme a éminemment besoin de l’altérité, de la société pour que son cerveau se développe. En bas, c’est ce coureur avec les fonctions du cerveau qui sont les fonctions cardiaques, les fonctions respiratoires.
On voit aussi une famille : c’est quelque chose que l’on ne peut pas vraiment expliquer uniquement par les neurosciences ; c’est à dire l’amour. Le père, la mère, l’enfant que l’on a essayé de situer dans ce que certains ont appelé l’intérieur du cerveau limbique, l’endroit des affects, des émotions.
Au dessus, ce sont d’autres activités de l’homme : l’homme qui prie. Qu’est ce que c’est qu’un homme qui prie ? Est-ce que les neurosciences peuvent cerner ce problème ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Et puis l’homme qui travaille.
Enfin, ce qui est essentiel aussi : l’homme qui essaie de communiquer, avec deux personnes qui n’ont apparemment rien à voir : des humains qui essaient de communiquer malgré leur extrême différence, d’où couleur jaune et verte, pour montrer deux personnes qui n’ont apparemment rien à voir si ce n’est d’être des humains. Ils essaient de communiquer malgré toute leur différence.
Evidemment tout cela n’est pas réductible simplement aux neurosciences. C’est la question que modestement, humblement, on voudrait essayer de poser.
Enfin, nous avons ajouté un Christ en croix en essayant de le centrer sur ce que certains ont appelé le point de Dieu. Mais cela est simplement une théorie, on ne sait pas du tout s’il y a quelque chose de vrai là-dedans. Ce Christ nous l’avons représenté comme un homme Dieu. Ce Christ a vraiment quelque chose à dire : il n’est pas éloigné, à côté de cette histoire humaine, ce développement du cerveau, ces neurosciences, mais Il reste quand même au cœur du mystère de la vie humaine.
C’est une approche poétique, modeste. Une autre manière de dire les choses pour que l’on puisse rentrer dans un autre registre. C’est une autre manière de rencontrer les gens. Chacun peut se l’approprier de manière différente, ouverte.
Propos recueillis par Véronique Senèze