Jean-François Barbier-Bouquet, sociologue et auteur des Nouveaux aventuriers de la spiritualité, est intervenu samedi 28 mai 2016 à l’Université européenne assomptionniste.
Vous avez réalisé une enquête auprès de 6000 personnes, pour savoir comment elles approchaient la spiritualité. Quels sont les enseignements que vous en tirez ?
La recherche spirituelle est toujours importante, et le nombre de personnes qui croient en Dieu ne diminue pas, contrairement aux idées reçues ! Par contre, les croyances sont moins précises qu’hier. Une grande part des sondés se retrouvent à la fois dans une religion et dans une autre. La plupart reconnaissent une filiation à une religion, sans revendiquer pour autant un attachement clair.
A quoi sont dues ces évolutions d’après vous ?
C’est important de le préciser : les évolutions spirituelles ne tiennent pas compte des “erreurs” des religions, mais de l’évolution de la société. Aujourd’hui, il y a une envie d’accéder directement à la source, sans passer par des intermédiaires. C’est assez typique de la culture internet. Par exemple, 36% des gens que nous avons interrogés relisent les textes, au premier rang desquels la Bible ! Quand ce qui fait système recule, ce qui fait récit pose problème. Mais ce mouvement ne date pas d’hier.
Une autre logique de fond, c’est celle de l’efficacité. C’est aussi typique de la modernité : si je m’investis, il faut que cela marche.
Quels sont les principaux problèmes auxquels se confrontent ces nouveaux aventuriers de la spiritualité ?
Il y a en a, bien sûr, comme par exemple la question de la transmission : si l’expérience spirituelle prend le pas sur l’expertise, cela veut dire qu’on doit tous être rudement bon !
Mais de façon générale, la démarche est toujours positive : les gens réintroduisent de la lenteur, de la réflexion. Ils valorisent les racines et les sources. Il faut garder à l’esprit que le “bricolage” spirituel n’est pas du relativisme pour autant, ce n’est pas du “tout se vaut”. C’est d’abord prendre ce qui parait essentiel, et faire du discernement. Dans cette démarche, je me demande – mais c’est une réflexion personnelle, si ceux qui se disent chrétiens n’ont pas un avantage comparatif : parce qu’ils sont de quelque part, ils peuvent aller ailleurs sans se perdre. Ils ne sont pas dans une dilution, mais dans une dilatation de leur religion d’origine.
A LIRE : Le livre Nouveaux aventuriers de la spiritualité est à découvrir chez MédiasPaul.
EN VIDÉO : l’intégralité de la conférence de Jean-François Barbier-Bouquet.