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Débat : qu’inspire la Bible sur le dialogue ?

Lors de plusieurs ateliers, le bibliste Jacques Nieuviarts interroge le dialogue dans les écrits bibliques. Venez réagir en ligne à ces extraits.

Le dialogue dans le Bible se joue entre plusieurs acteurs : entre l’homme et Dieu, Dieu et l’homme, et les hommes entre eux. Jacques Nieuviarts a sélectionné plusieurs extraits, tirés de la traduction de la Bible de Jérusalem, pour susciter des échanges.

Et vous, que vous inspirent ces textes ? Quel dialogue y voyez-vous ? Qu’apprenons-nous des différentes modalités du dialogue grâce aux récits bibliques ? Postez vos commentaires pour participer au débat.

Le non-lieu du dialogue : Caïn et Abel [Genèse 4, 1-16]

« L’homme connut Eve, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn et elle dit : « J’ai acquis un homme de par Yahvé. » Elle donna aussi le jour à Abel, frère de Caïn. Or Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn cultivait le sol. Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Yahvé, et qu’Abel, de son côté, offrit des premiers-nés de son troupeau, et même de leur graisse. Or Yahvé agréa Abel et son offrande. Mais il n’agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu.

Yahvé dit à Caïn : « Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite ? pourras-tu la dominer ? »

Cependant Caïn dit à son frère Abel : « Allons dehors », et, comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Yahvé dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Il répondit : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? » Yahvé reprit : « Qu’as-tu fait ! Ecoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Si tu cultives le sol, il ne te donnera plus son produit : tu seras un errant parcourant la terre. »

Alors Caïn dit à Yahvé : « Ma peine est trop lourde à porter. Vois ! Tu me bannis aujourd’hui du sol fertile, je devrai me cacher loin de ta face et je serai un errant parcourant la terre : mais, le premier venu me tuera ! »

Yahvé lui répondit : « Aussi bien, si quelqu’un tue Caïn, on le vengera sept fois » et Yahvé mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point. Caïn se retira de la présence de Yahvé et séjourna au pays de Nod, à l’orient d’Eden. »

Dieu en dialogue, infiniment proche et si mystérieux [Exode 33,7-23]

« Moïse prenait la Tente et la plantait pour lui hors du camp, loin du camp. Il la nomma Tente du Rendez-vous, et quiconque avait à consulter Yahvé sortait vers la Tente du Rendez-vous qui se trouvait hors du camp. Chaque fois que Moïse sortait vers la Tente, tout le peuple se levait, chacun se postait à l’entrée de sa tente, et suivait Moïse du regard jusqu’à ce qu’il entrât dans la Tente. Chaque fois que Moïse entrait dans la Tente, la colonne de nuée descendait, se tenait à l’entrée de la Tente et Il parlait avec Moïse.

Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui se tenait à l’entrée de la Tente, et tout le peuple se levait et se prosternait, chacun à l’entrée de sa tente. Yahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami, puis il rentrait au camp, mais son serviteur Josué, fils de Nûn, un jeune homme, ne quittait pas l’intérieur de la Tente.

Moïse dit à Yahvé : « Vois, tu me dis : Fais monter ce peuple, et tu ne me fais pas connaître qui tu enverras avec moi. Tu avais pourtant dit : Je te connais par ton nom et tu as trouvé grâce à mes yeux. Si donc j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne me faire connaître tes voies pour que je te connaisse et que je trouve grâce à tes yeux. Considère aussi que cette nation est ton peuple. » Yahvé dit : « J’irai moi-même, et je te donnerai le repos. » Et il dit : « Si tu ne viens pas toi-même, ne nous fais pas monter d’ici ; comment saura-t-on alors que j’ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple ? N’est-ce pas à ce que tu iras avec nous ? En sorte que nous soyons distincts, moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre. »

Yahvé dit à Moïse : « Cette chose que tu as dite, je la ferai encore parce que tu as trouvé grâce à mes yeux et que je te connais par ton nom. » Il lui dit : « Fais-moi de grâce voir ta gloire. » Et il dit : « Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de Yahvé. Je fais grâce à qui je fais grâce et j’ai pitié de qui j’ai pitié. » « Mais, dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre. »

Yahvé dit encore : « Voici une place près de moi ; tu te tiendras sur le rocher. Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que je sois passé. Puis j’écarterai ma main et tu verras mon dos ; mais ma face, on ne peut la voir. » »

Comment Dieu parle quand il appelle : récit de vocation de Gédéon [Juges 6,11-24]

« L’Ange de Yahvé vint et s’assit sous le térébinthe d’Ophra, qui appartenait à Yoash d’Abiézer. Gédéon, son fils, battait le blé dans le pressoir pour le soustraire à Madiân, et l’Ange de Yahvé lui apparut : « Yahvé avec toi, lui dit-il, vaillant guerrier ! » Gédéon lui répondit : « Je t’en prie, mon Seigneur ! Si Yahvé est avec nous, d’où vient tout ce qui nous arrive ? Où sont tous ces prodiges que nous racontent nos pères quand ils disent : Yahvé ne nous a-t-il pas fait monter d’Egypte ? Et maintenant Yahvé nous a abandonnés, ils nous a livrés au pouvoir de Madiân… »

Alors Yahvé se tourna vers lui et lui dit : « Va avec la force qui t’anime et tu sauveras Israël de la main de Madiân. N’est-ce pas moi qui t’envoie ? » « Pardon, mon Seigneur ! lui répondit Gédéon, comment sauverais-je Israël ? Mon clan est le plus pauvre en Manassé et moi, je suis le dernier dans la maison de mon père. » Yahvé lui répondit : « Je serai avec toi et tu battras Madiân comme si c’était un seul homme. »

Gédéon lui dit : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, donne-moi un signe que c’est toi qui me parles. Ne t’éloigne pas d’ici, je te prie, jusqu’à ce que je revienne vers toi. Je t’apporterai mon offrande et je la déposerai devant toi. » Et il répondit : « Je resterai jusqu’à ton retour. » Gédéon s’en alla, il prépara un chevreau, et avec une mesure de farine il fit des pains sans levain. Il mit la viande dans une corbeille et le jus dans un pot, puis il lui apporta le tout sous le térébinthe. Comme il s’approchait, l’Ange de Yahvé lui dit : « Prends la viande et les pains sans levain, pose-les sur ce rocher et répands le jus. » Et Gédéon fit ainsi.

Alors l’Ange de Yahvé étendit l’extrémité du bâton qu’il tenait à la main et il toucha la viande et les pains sans levain. Le feu jaillit du roc, il dévora la viande et les pains sans levain, et l’Ange de Yahvé disparut à ses yeux. Alors Gédéon vit que c’était l’Ange de Yahvé et il dit : « Hélas ! mon Seigneur Yahvé ! C’est donc que j’ai vu l’Ange de Yahvé face à face ? » Yahvé lui répondit : « Que la paix soit avec toi ! Ne crains rien : tu ne mourras pas. » Gédéon éleva en cet endroit un autel à Yahvé et il le nomma Yahvé-Paix. Cet autel est encore aujourd’hui à Ophra d’Abiézer.

La parabole comme stratégie de communication : au temps de David
[2 Samuel 11,26-12,7]

Lorsque la femme d’Urie apprit que son époux, Urie, était mort, elle fit le deuil pour son mari. Quand le deuil fut achevé, David l’envoya chercher et la recueillit chez lui, et elle devint sa femme. Elle lui enfanta un fils. Mais l’action que David avait commise avait déplut à Yahvé. Yahvé envoya le prophète Natân vers David.

Il entra chez lui et lui dit : « Il y avait deux hommes dans la même ville, l’un riche et l’autre pauvre. Le riche avait petit et gros bétail en très grande abondance. Le pauvre n’avait rien du tout qu’une brebis, une seule petite qu’il avait achetée. Il la nourrissait et elle grandissait avec lui et avec ses enfants, mangeant son pain, buvant dans sa coupe, dormant dans son sein : c’était comme sa fille. Un hôte se présenta chez l’homme riche qui épargna de prendre sur son petit ou gros bétail de quoi servir au voyageur arrivé chez lui. Il vola la brebis de l’homme pauvre et l’apprêta pour son visiteur. »

David entra en grande colère contre cette homme et dit à Natân : « Aussi vrai que Yahvé est vivant, l’homme qui a fait cela est passible de mort ! Il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis cette action et n’avoir pas eu de pitié. » Natân dit alors à David : « Cet homme, c’est toi ! » »

Dans la bouche de Jésus [Matthieu 21,23-46]

« Il était entré dans le Temple et il enseignait, quand les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent et lui dirent : « Par quelle autorité fais-tu cela ? Et qui t’a donné cette autorité ? » Jésus leur répondit : « De mon côté, je vais vous poser une question, une seule ; si vous m’y répondez, moi aussi je vous dirai par quelle autorité je fais cela. Le baptême de Jean, d’où était-il ? Du Ciel ou des hommes ? » Mais ils se faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : Du Ciel’, il nous dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? Et si nous disons : Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. »

Et ils firent à Jésus cette réponse : « Nous ne savons pas. » De son côté il répliqua : « Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela. » « Mais dites-moi votre avis. Un homme avait deux enfants. S’adressant au premier, il dit : Mon enfant, va-t’en aujourd’hui travailler à la vigne. – Je ne veux pas, répondit-il ; ensuite pris de remords, il y alla. S’adressant au second, il dit la même chose ; l’autre répondit : Entendu, Seigneur, et il n’y alla point. Lequel des deux a fait la volonté du père » – « Le premier », disent-ils. Jésus leur dit : « En vérité je vous le dis, les publicains et les prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu. En effet, Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui ; les publicains, eux, et les prostituées ont cru en lui ; et vous, devant cet exemple, vous n’avez même pas eu un remords tardif qui vous fît croire en lui. »

« Ecoutez une autre parabole. Un homme était propriétaire, et il planta une vigne ; il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. Quand approcha le moment des fruits, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits. Mais les vignerons se saisirent de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, en lapidèrent un troisième. De nouveau il envoya d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même. Finalement il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. Mais les vignerons, en voyant le fils, se dirent par-devers eux : Celui-ci est l’héritier : venez ! tuons-le, que nous ayons son héritage. Et, le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Lors donc que viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ? »

Ils lui disent : « Il fera misérablement périr ces misérables, et il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en livreront les fruits en leur temps. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Ecritures : La pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs c’est elle qui est devenue pierre de faîte ; c’est là l’œuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux ? Aussi, je vous le dis : le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits. » Les grands prêtres et les Pharisiens, en entendant ses paraboles, comprirent bien qu’il les visait. Mais, tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, car elles le tenaient pour un prophète. »

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