Ecologie, développement durable, vivre autrement : une aspiration humaine et spirituelle

Dominique Lang, journaliste à Pèlerin, prêtre assomptionniste et auteur du blog ecologyandchurches.wordpress.com, est un spécialiste de l’écologie.

Développement durable, écologie, vivre autrement, sobriété heureuse : est-ce la même chose ?

Ce sont des thématiques très proches issues d’une prise de conscience que l’on observe depuis plusieurs années mais ce sont des mots qui n’ont pas les mêmes origines, les mêmes contextes et qui n’impliquent pas les mêmes choses même si on les utilise facilement les uns à la place des autres.

L’écologie est un mot scientifique au départ, né au 19e siècle pour décrire les relations des êtres vivants. Le développement durable est une prise de conscience dans les années 1960-70 qui a amené à questionner le développement économique, perçu comme à bout de course. Cela a engendré la volonté de penser un développement respectueux. La sobriété heureuse est une étape de la prise de conscience mais plutôt dans les milieux contestataires. Autant le développement durable est né dans les milieux d’entreprise, autant la sobriété heureuse est presque une question philosophique : un rapport personnel à la Création, une sorte d’ascèse.

Pourquoi aujourd’hui ces notions ont-t-elles le vent en poupe ?

L’histoire avance par des périodes durant lesquelles des personnes avancent vite mais souvent seules, puis leurs intuitions disparaissent un certain temps. Elles rejaillissent 20-30-40 ans plus tard en étant passé à un niveau au-dessus : c’est ce qui s’est passé avec les questions d’écologie. Dans les années 60, le sujet était porté par des gens un peu prophétiques, idéologues aussi et qui ont pu s’enfermer dans des postures radicales. Ce mouvement a eu du mal à durer : on voit aujourd’hui la réalité de l’écologie politique, en très mauvais état. Mais leurs idées se sont diffusées discrètement dans la société. Et aujourd’hui, des thématiques qui, il y a 30 ou 40 ans, étaient marginales sont devenues très grand public.

Est-ce une aspiration spirituelle ou humaine ?

Les deux ! La question derrière l’écologie, c’est comment bien vivre : en soi, cela ne demande pas une traduction spirituelle. Mais les écologistes, quand ils pensent leur rapport au monde, vont souvent chercher des mots religieux : se réconcilier avec la nature, faire alliance avec le vivant…

Pour beaucoup, et le succès du film Demain le montre, c’est d’abord une question de cohérence : on se rend compte que notre vie matérielle est très puissante mais aussi très asséchante; elle ne rend pas forcément heureux de manière profonde. Les gens font l’expérience qu’en changeant leur rapport à la matière, aux outils modernes, ils retrouvent de la liberté pour prendre soin des autres. C’est une aspiration au bonheur qui est propre aux êtres humains, et pour beaucoup d’entre eux, cela les ouvre à une dimension d’intériorité.