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Dans les médias, comment prendre en compte l’intériorité

Lors d’une table-ronde dans les locaux du groupe Bayard vendredi , trois professionnels des médias ont développé les enjeux atour de l’intériorité, à la fois dans leur manière d’en parler pour rejoindre leurs lecteurs et dans la place que l’intériorité prend dans l’exercice de la profession de journalistes.

Doit-on et peut-on parler d’intériorité aux plus jeunes ? Anne Ricou, de Pomme d’Api, en est sûre : la réponse est oui. « A Pomme d’Api, nous sommes faisons un magazine de la relation, puisque c’est lu par un adulte avec un enfant. » L’histoire est alors une porte pour les parents : elle leur donne l’occasion de poser des paroles sur les images, d’accompagner l’enfant dans la lecture. « Et tout cela va donner des mots aux enfants pour se découvrir eux-mêmes. » Les images, leur beauté viennent en soutien à cette démarche. Enfin, « on s’appuie sur l’imaginaire pour que l’enfant fasse le lien entre l’univers et soi-même. Par des histoires de petits héros, l’enfant comprend que, comme le personnage de l’histoire, lui aussi peut trouver des ressources en lui-même pour comprendre ce qu’il peut vivre autour de lui. »

À Notre-Temps, l’intériorité est aussi une attention pour nourrir le lecteur. Sylvia Pinosa, du secteur « Senior » de Bayard Presse, témoigne de publications que l’équipe de journalistes a réalisé notamment autour du départ à la retraite, qui est une période « de bouleversements multiples ». « Devant cette étape de la vie – qui est une perte de repères sociaux, de liens d’amitié et de collègues de travail, avec en plus un nouveau rapport au temps à inventer – nous avons eu une attention aux aspects pratiques mais aussi des pistes de réflexions, des témoignages, du vécu », précise-t-elle, pour que les questions des uns ouvrent des perspectives aux autres. « Les spiritualités sont convoquées et les lecteurs s’en saisissent avec une grande diversité et en adaptant ces propositions à leur chemin », précise-t-elle en relatant l’exemple d’un dossier proposé autour du pardon dans l’optique des relations familiales et que plusieurs lecteurs ont expliqué avoir utilisé comme ressource intérieure lors des attentats de Paris.

Quant à Olivier Talles, journaliste à La Croix, il a insisté plus particulièrement sur la place de l’intériorité dans l’exercice de la profession de journaliste. « L’image du journaliste insensible, qui ne subit pas ce qu’il voit, ce n’est plus vrai. Les journalistes sont touchés par la réalité, on travaille avec notre intériorité, nos croyances, nos préjugés. Cela fait partie de notre travail d’être curieux de l’autre mais de savoir aussi avoir le juste ton, la juste distance. » Avant de suivre l’actualité des ex-pays de l’URSS et des pays du Sud, il a longtemps travaillé sur les questions humanitaires : « J’étais au Niger lors d’une sévère crise humanitaire. Ça laisse une trace. À Haïti, je suis resté pendant 3 semaines lors d’un tremblement de terre, j’ai vu des scènes de dévastation, de douleur et de misère. En rentrant, j’ai senti que j’avais été déstabilisé, intérieurement. » Le journaliste a souligné que des espaces de réflexion, de respiration sont des soutiens pour reprendre son souffle face à des situations extrêmes : « La spiritualité, la psychologie, la méditation peuvent être des appuis. » Mais aussi une attitude : « Travailler en zone de guerre est un moment fort pour un journaliste : les masques tombent et vous êtes face à la réalité, sur vous-même et sur les autres. Mais si la guerre donne beaucoup au journaliste, elle prend aussi beaucoup. Face à cela, il faut rester humble, vigilant, se remettre en question. »

Tous ont insisté sur l’importance de l’équilibre, de la tempérance et de l’attention à l’intériorité comme un fil conducteur de leurs pratiques professionnelles, au service des lecteurs et des journalistes.

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