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“La vie intérieure n’est pas un produit de consommation”

Lors d’un échange, samedi 9 juin au matin au Forum 104, le biologiste Jean-Guilhem Xerri et le chercheur Michel Maxime Egger sont revenus en face à face sur leur vision de l’intériorité. Et les dangers qui la guette : la logique de consommation et la culpabilisation constante.

Après leurs deux longues interventions, vendredi 8 et samedi 9 juin, Jean-Guilhem Xerri et Michel Maxime Egger se sont prêtés au jeu des questions des participants de l’Université européenne assomptionniste. Lors de cet échange, deux « pièges » ont été réaffirmés.

« Le retour de la vie intérieure s’accomplira au sens fort du terme quand nous serons beaucoup à être engagés dans ce chemin, mais pas dans une logique de consommation », a insisté le psychanalyste Xerri. Le développement de la vie intérieure ne doit pas être un enchaînement de journées, de stages, de week-ends ou de cours sur soi, mais « doit se vivre dans quelque chose de l’ordre de l’appel intérieur ». Michel Maxime Egger a abondé : « Il y a aussi un marché du développement personnel. Ce n’est pas négatif en soi mais cela doit interroger : est-ce que ce qui est de l’ordre de la consommation peut être véritablement transformateur ? Est-ce que cette démarche nous ouvre au monde ou est-elle par moment trop égo-centrée ? » Le danger, pour les deux spécialistes, réside bien dans l’approche personnelle de chacun dans cette démarche – « le chemin des uns n’est pas le chemin des autres » – et le besoin d’être dans un cheminement intérieur non d’accumulation mais d’enrichissement non matériel. Et Jean-Guilhem Xerri d’ajouter : « Quand on parle de jeûne et d’ascèse aujourd’hui, on leur associe souvent l’idée d’une « privation » qui serait d’abord matérielle. Or la privation est un moyen à ma disposition pour nourrir mon équilibre intérieur, un travail de dépollution sur trois dimensions : le matériel certes, mais aussi l’intellectuel et l’agir.

L’autre piège actuel autour de la quête d’intériorité découle de la volonté de bien faire : vouloir atteindre le « parfait », le « pure ». « Il faut accepter la complexité du monde qui n’est que le reflet de notre propre complexité et de notre ambivalence, souligne Jean-Guilhem Xerri. Même si je suis dans une démarche de sobriété, j’ai encore moi-même une part de productivisme en moi. Même si je suis sur un chemin de croyance, il reste toujours une part de non-croyance en moi. » En écho, Michel Maxime Egger a expliqué « craindre une personne qui se dirait en parfaite application de l’éco-spiritualité pour son chemin intérieur » : « Elle serait figée, rigide. La cohérence parfaite n’existe pas, le chemin vers l’intériorité est aussi emprunt d’humilité, en tension constante. D’ailleurs, il ne peut pas être marqué par le « vouloir » mais être un chemin à l’écoute de nos désirs intérieurs. »

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